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Itinéraires pyrénéens : Galan

Les Patri'Minots

Aujourd’hui, je vous emmène à Galan, modeste bastide médiévale sur le plateau de Lannemezan. Modeste par la taille mais pas par le patrimoine qui s’y cache. Il faut prendre le temps de flâner dans les ruelles et d’admirer l’église.


Du prieuré à la bastide

Le village de Galan doit son origine à un prieuré, fondé à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle par l’abbaye Saint-Thibéry (Hérault, près d’Agde). Mais c’est surtout à partir du XIVe siècle que Galan se développe réellement, suite à la fondation d’une bastide par le roi de France. En 1315, un contrat de paréage est signé entre le roi et l’archevêque d’Auch, devenu propriétaire du prieuré.  


La ville nouvelle vient ainsi s’appuyer sur le prieuré et comme dans bon nombre de bastides, on retrouve une certaine régularité, des caractéristiques qui font la richesse de ces bourgs.


Une rue principale, appelée Rue droite, constitue la colonne vertébrale du bourg. Le long de cette artère principale, le bâti s’organise en lanières, de sorte que les maisons ont pignon sur rue. La place est un élément essentiel de la vie urbaine. S’y déroulent foires et marchés depuis le Moyen Age. La halle, dont l’existence est attestée depuis le XVIIIe siècle, est à la fois un organe économique et politique.


Au milieu du XVIIe siècle, Galan est endeuillée par un épisode dramatique.

Depuis le début du siècle, la situation est difficile pour la population, notamment pour les paysans soumis aux aléas climatiques et aux impôts. Depuis 1635 ans, la France est en guerre contre l’Espagne et pour financer le conflit, de nouveaux impôts ont été levés.

A partir de 1595 et surtout de 1635, des révoltes de "croquants" éclatent un peu partout dans le sud-ouest, les causes sont multiples mais c’est toujours la misère qui est au cœur.

En 1640, l’intendant de la province, un certain Foulés, se rend à Galan. Ce qui serait passé en ville est connu par des plaintes déposées par les habitants : la ville aurait été pillée, les archives détruites, les 4 consuls pendus, les hommes envoyés aux galères... Ce serait à cette époque que la porte nord aurait été démolie et les remparts abattus.



 

Que voir à Galan ?


L'église


Le prieuré de Galan est probablement fondé au XIe siècle ou XIIe siècle par l’abbaye Saint-Thibéry. Il changera de mains plusieurs fois avant d’être abandonné par les moines au XVIe siècle. Il n’en reste aujourd’hui que l’esplanade où il se trouvait, au sud de l’église.


L’église actuelle, dédiée à saint Julien-de-Brioude, a été reconstruite entre 1540 et 1549 à l’emplacement d’un édifice plus ancien, dont quelques murs ont été conservés.


L’église est malheureusement fermée la plupart du temps mais à l’occasion de certains évènements, ne manquez pas sa visite. Car à l’intérieur, elle recèle de deux trésors : un retable baroque du XVIIIe siècle et des peintures murales.


Le retable a été réalisé par Dominique Ferrère, dernier représentant de cette famille de sculpteurs hauts-pyrénéens. Installée à Asté (vallée de Campan) depuis 1647, cette famille a compté plusieurs sculpteurs qui ont laissé des retables et des statues un peu partout dans le département. À proximité, vous pouvez admirer les retables de Lannemezan (église ouverte), Avezac et Esparros.


Le retable de Galan date de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il reprend des éléments d’inspiration antique avec 4 colonnes imitation marbre soutenant un entablement. On retrouve la structure symétrique en trois travées verticales commune à la plupart des retables. La travée centrale est occupée par un tableau dont l'iconographie est liée à la vie du Christ (ici une Crucifixion). Au-dessus, le couronnement est composé de nuées dans lesquelles volent trois angelots tenant les instruments de la Passion : clous, marteau, cisaille, couronne d’épines…


Les travées latérales sont composées chacune d’une niche contenant une statue de saints vêtus à l’antique : à droite, saint Julien de Brioude, le saint patron de l’église et de la paroisse ; le deuxième serait saint Ferréol. Ce dernier, romain converti comme Julien, aurait chercher protéger Julien et aurait été emprisonné puis tué par des soldats romains.


Si vous voulez en savoir plus sur les retables, je vous invite à (re)découvrir cet article.


Retable de Dominique Ferrère © Julie Duponchel
Retable de Dominique Ferrère © Julie Duponchel


Sur un bas-côté de la nef, deux peintures ont été dégagées lors du retrait de l'enduit qui recouvrait les murs. La première, la plus grande, représente le miracle du pendu-dépendu, une thématique associée à saint Jacques. Ce type de représentation se retrouve notamment dans les églises situées sur la route de saint Jacques de Compostelle (vous pouvez le retrouver sur le retable Renaissance de Jézeau, près d’Arreau ou, en Aveyron, dans l'église de Villeneuve). Celle de Galan a probablement été peinte à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle.


Il existe deux versions du miracle du Pendu-dépendu. Voici celle de Toulouse, racontée par Jacques de Voragine dans La légende dorée vers 1261-1266 :

 

Un pèlerin, qui se rend à Saint-Jacques avec son fils, s'arrête à Toulouse pour la nuit. Malheureusement, leur hôte est mal intentionné puisqu’il profite de la nuit pour dissimuler une coupe d'argent leurs bagages.
Le lendemain, au moment du départ, il les accuse d’avoir volé la coupe qui fut effectivement retrouvée dans leurs affaires. Jugés, les deux pèlerins sont condamnés à laisser leurs biens à l’aubergiste. En outre, le fils est pendu sur place.
Le père reprend alors sa route jusqu’à Saint-Jacques et prie le saint pour le salut de son fils.
Sur le chemin du retour, il s’arrête à nouveau à Toulouse pour reprendre le corps de son fils. Mais alors qu'il pleure au pied du gibet, l'enfant se met à lui parler, lui expliquant que saint Jacques a veillé sur lui et l’a nourri tout le temps de son absence.
En entendant ces mots et constatant que son fils n’est pas mort, le père court à travers la ville pour annoncer la bonne nouvelle. On comprend alors que le père et le fils étaient innocents et que c’est l’hôte qui les avait trompés. On détache alors l’enfant et on pend le mauvais hôte à la place.

On reconnaît, de part et d'autre, des pèlerins agenouillés, portant le bourdon, le chapeau et la coquille. Au dessus, deux scènes ont été en partie amputées par l’agrandissement de la fenêtre : à gauche, il ne reste que le pied du gibet où a été pendu le pèlerin ; à droite, une scène d'intérieur dont ne subsiste que les piédroits d'une cheminée.


La Crucifixion, peinte sous la fenêtre, a été ajoutée à la fin du XVIe siècle ou au XVIIe siècle. La scène représentée est plus exactement « le coup de lance » au cours duquel un soldat perce le flanc droit du Christ d’un coup de lance. Seul l’évangile de Jean, « S’étant approchés de Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes ; mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. »




 

La porte de ville


Au Moyen Age, la ville a été fortifiée. Des remparts et du fossé qui l’entouraient, il ne subsiste aujourd’hui que cette porte. À l’étage, accessible par une porte étroite et un escalier, se trouvait une salle qui a notamment servi de prison. Le toit en ardoise est récent (elle était probablement surmontée de créneaux et de mâchicoulis).


La place et la halle


La place est encore aujourd’hui dominée par la halle, même si celle-ci a été rebâtie au début du XIXe siècle. Elle accueille alors de nombreuses activités : la mairie au premier étage, le marché au rez-de-chaussée, mais aussi le juge de paix et l’école des garçons. En mauvais état, le bâtiment est menacé de disparaître dans les années 1970 mais des travaux sont finalement engagé et la mairie réinstallée dans le bâtiment en 1994.


Autour de la place, plusieurs maisons ont conservé leur architecture en pan de bois et leurs « couverts » (ou gitats). Ces avancées couvertes, construites au-dessus de l’espace public, étaient bien plus présentes au début du XXe siècle mais on disparut avec le développement de la voiture. Il faut donc imaginer les échoppes installées au rez-de-chaussée et les marchandises présentées sous ces abris, permettant la vente par tous les temps.



La place des ormeaux


En quittant le centre de Galan par l’ancienne porte nord, vous arrivez sur la place des ormeaux. C’était autrefois un carrefour important, à l’entrée de la ville, où débouchait la route royale d’Auch à Lannemezan. C’est à présent une place calme, ombragée par les nombreux arbres. Plusieurs villas y ont été édifiées au début du XXe siècle, témoignage de l’extension urbaine hors des murs – étroits – de la ville.


Depuis la place des ormeaux, empruntez la rue des fossés et suivez le tracé des anciens fossés (aujourd’hui comblés et souvent aménagés en jardins). Par endroit, les anciens murs de la ville sont visibles. Il ne faut pas s'attendre à trouver des murs en gros appareil, des créneaux et des tours, comme notre imaginaire nous le raconte souvent. Bon nombre de villes étaient en réalité protégées par les murs des maisons accolées les unes aux autres, donnant l’illusion d’un rempart. Ici, la construction est souvent en galets hourdés au mortier de chaux. Cette technique traditionnelle est employée aussi bien pour les maisons que pour les bâtiments agricoles ou les murs de clôture. Les murs de gros galets sont montés comme des murs de pierre, disposés en quinconce au fil des rangées, en mariant entre elles les formes et les épaisseurs. Les petits galets viennent stabiliser et combler les interstices. Cette technique a été abandonnée peu à peu après la première guerre mondiale, avec l’arrivée de nouveaux matériaux. En passant, vous pourrez voir une grange construite ainsi, au début de la rue des fossés.



La fête de la tourte


S’il y a un moment, où il faut visiter Galan, c’est début août. Chaque année, s’y déroule en effet la fête de la tourte pyrénéenne et le championnat de France de la meilleure tourte. L’occasion idéale pour découvrir le patrimoine architectural et gastronomique en dégustant cette pâtisserie traditionnelle de la Bigorre, cuisinée dans les familles et servie lors des fêtes de famille, mariages ou communions. Vous y croiserez les membres de la joyeuse confrérie de la Tourte pyrénéenne.


Que faire à Galan ou à proximité ?



Pour en savoir plus

Découvrez toutes les idées de balades et de découvertes sur le site de l'Office de tourisme Coeur des Pyrénées

Découvrez les bastides (du Rouergue) et d'ailleurs


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