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Balade en Aveyron : Saint-Léons

À 760 m d’altitude, accroché aux flancs de sa colline, le village de Saint-Léons est surtout connu pour la cité des insectes, Micropolis, qui a ouvert ses portes en 2001. Mais le choix de cette commune de 400 habitants n’est pas le fruit du hasard. En effet, c’est içi que nait le 21 décembre 1823 Jean-Henri Fabre, célèbre entomologiste.


Mais si vous venez à Saint-Léons pour visiter la cité des insectes, prenez aussi le temps de suivre les pas de Fabre et arpentez les ruelles de son village natal. Depuis Micropolis, la vue est magnifique sur le village, construit à flanc de colline. On aperçoit de là les lieux que Fabre avait l’habitude de fréquenter dans son enfance et dont il se souvient dans ses Souvenirs Entomologistes :


Le village de Saint-Léons depuis Micropolis


« Au fond de la cuve, l’église avec ses trois cloches et son cadran de l’horloge. Un peu plus haut, la grande place où, d’un bassin à l’autre, sous l’abri d’une ample voûte, bruissait une source aménagée en fontaine. De ma fenêtre s’entendait le caquet des laveuses, les coups de battoir, les grincements des chaudrons écurés avec du sable et du vinaigre. Sur les pentes, les maisonnettes clairsemées avec des jardinets en étages, soutenus par des murs branlants, faisant ventre sous la poussée des terres. Ici et là, des ruelles en pente très rapide où les bosselures du roc formaient un pavé naturel. Dans ces périlleux couloirs, le mulet, aux sabots fermes pourtant, n’eut osé s’engager avec sa charge de ramée (branches). »


Le monastère

Le village s’est sans doute développé autour d’un monastère fondé, d’après la légende, par un certain Léonce, ancien évêque de Bordeaux qui, au Vie siècle, aurait choisi de quitter son épiscopat pour s’installer dans un lieu solitaire. Et c’est à l’emplacement de Saint-Léons qu’il s’installe avec quelques compagnons. Le lieu prendra plus tard son nom.


Du monastère, il ne reste que quelques bâtiments, aujourd’hui reconvertis en maisons d’habitation, et quelques vestiges de l’ancienne église. En effet, au XVIe siècle, les moines sont contraints de quitter les lieux, détruits par un conflit lors des guerres de religion. Cette guerre, qui dura près d’un siècle en Aveyron – entre le milieu du XVIe siècle et 1630 – fit beaucoup de dégâts dans la région, surtout dans le sud du département. De nombreux seigneurs, des villes, … s’étaient en effet convertis au protestantisme et les altercations entre catholiques et protestants étaient fréquentes. À Saint-Léons, le prieur s’était lui-même converti ! Il prit la tête d’une garnison de quelques hommes qu’il installa dans le prieuré (fortifié pour l’occasion). En 1580, une armée catholique vient finalement les déloger mais la bataille entre les deux camps causa de nombreux dégâts.

Après cet épisode, les moines s’installèrent dans le château qui domine encore le village.

À la Révolution, comme bien souvent, les derniers moines quittent les lieux et les bâtiments sont vendus à des particuliers.

L'église et le prieuré ; le château de Saint-Léons ; le fort bas, partie fortifiée de l'ancien prieuré


La halle

Du monastère, on parvient au pied de la halle sous laquelle se tenaient les marchés et les foires.


« En ce jour solennel [de foire], unique dans l’an, quelques idées me venaient du dehors. J’apprenais que le monde ne finissait pas avec ma conque de collines. Je voyais arriver à dos de mulet et dans des outres en peau de bouc le vin du cabaretier. J’assistais, sur la grande place, à l’ouverture des jarres pleines de poires cuites, à l’étalage des corbeilles de raisins, fruit à peine connu, objet d’ardentes convoitises. J’admirais le tourniquet qui, pour un sou, suivant le point où s’arrêtait son aiguille sur la rangée circulaire de clous, faisait gagner tantôt un caniche rose en sucre d’orge, tantôt une fiole ronde d’anis praliné, tantôt et plus souvent rien du tout. A terre, sur une toile grise, s’exposaient les rouleaux d’indienne, à fleurettes rouges. Non loin s’élevait le monceau de sabot en bois de hêtre, de toupies et de flûtes en buis. Les gardiens de moutons y choisissaient leurs instruments, les essayaient en soufflant quelques notes naïves. Que de nouveauté pour moi, que de choses à voir en ce monde ! Mais en ce temps-là, les merveilles étaient de courte durée. Le soir […], tout était fini. Pour un an, le village rentrait dans le silence. »

Jean-Henri Fabre, Souvenirs entomologistes


Dans le mur de la halle, on peut encore voir les mesures à grains. Le trou situé à la base des cuves était obstrué pour verser les grains et mesurer la contenance. La mesure réalisée, un sac est fixé à l'extrémité et le bouchon retirer pour faire couler le grain.

Durant le Moyen Age et jusqu'à la Révolution, chaque ville ou chaque village avaient ses poids et ses mesures. D'où l'importance de disposer d'outils de mesure sur les marchés et les foires.

Il existait plusieurs mesures pour les matières sèches (comme les grains), dont le setier qui donna son nom à la place de Saint-Léons où se trouve encore la halle : la place du sestairal.




Les tombes rupestres

La halle a été construite à l’emplacement d’un ancien cimetière. Quelques tombes rupestres – c’est-à-dire creusées dans le rocher – sont encore visibles sur le chemin. Une tombe complète se cache quant à elle à quelques pas de la halle… Saurez-vous la retrouver ?



Jean-Henri Fabre

Né dans une famille pauvre, le 21 décembre 1823, Jean-Henri Fabre se montre très curieux du monde qui l’entoure. Durant sa petite enfance, qu’il passe entre la maison de ses parents à Saint-Léons et la ferme de ses grands-parents, sa scolarité est mouvementée. À l’âge de 10 ans, il quitte Saint-Léons pour Rodez, avant que la famille ne quitte définitivement l’Aveyron pour le sud : Aurillac, Montpellier, Pierrelatte, Avignon… À 19 ans, il devient instituteur à Carpentras. Étouffé par l’enseignement classique, il encourage l’école en plein air et l’observation de la nature.

Parallèlement à son métier d’enseignant, il poursuit son instruction personnelle, prépare de nouveaux diplômes et mènent des recherches en entomologie qui le conduiront à soutenir une thèse.

Par la suite, il entreprend de très importants de vulgarisation, écrivant de nombreux ouvrages scientifiques, manuels scolaires et livres de lecture pour les enfants.

En 1879, il s’installe à Sérignan-du-Comtat, dans une propriété qu’il nomme l’Harmas où il passera la fin de sa vie à observer les insectes. Il meur le 11 octobre 1915. Sa dernière demeure est aujourd’hui devenue un musée, dépendant du Muséum d’Histoire Naturelle.


Pour en savoir plus sur Jean-Henri Fabre :

Découvrir ses écrits : www.e-fabre.com

Pour découvrir les insectes et Jean-Henri Fabre en famille, je vous conseille également ce très bel ouvrage : Bestioles, d’après les Souvenirs entomologistes de Jean-Henri Fabre, illustré par Sylvie Bessard


Pour finir, quelques photos prises dans les ruelles de Saint-Léons... (cliquez sur la flèche pour faire défiler les photos)

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