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Balade en Aveyron : la commanderie des Canabières

Aujourd'hui, je vous ramène à Salles-Curan, à la découverte cette fois du petit hameau des Canabières qui abrite un patrimoine architectural (et historique) exceptionnel : la plus ancienne commanderie hospitalière du Rouergue ! Eh oui, si les sites du sud du département, comme La Couvertoirade, La Cavalerie ou Sainte-Eulalie-de-Cernon, sont les plus connus, il existe d'autres sites templiers et/ou hospitaliers en Aveyron, qu'il s'agisse de commanderies ou de simple "membres".



L’histoire commence en 1118, lorsque l'évêque Adhémar de Rodez fait don aux Hospitaliers de l'église Sainte-Marie-des-Canabières. Au fil des siècles, les possessions des Hospitaliers s’agrandissent et s’enrichissent notamment des biens appartenant aux Templiers, dont l’ordre est dissous en 1312. Ainsi, la commanderie des Canabières va étendre son influence sur les paroisses des Canabières, Saint-Jean-de-Bouloc, Canet(-de-Salars), Bellegarde, Tauriac et comprend aussi l'annexe templières de Laclau (Vézins-de-Lévézou).


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TEMPLIERS, HOSPITALIERS, QUELLE DIFFÉRENCE ?

On confond souvent les Templiers et les Hospitaliers et les premiers, de part l’aura mystérieuse dont ils sont parés depuis le XIVe siècle, éclipsent souvent les seconds. Alors, commençons par un petit récapitulatif sur ces deux ordres militaires nés pendant les Croisades.


L’ordre des Templiers est né après la prise de Jérusalem par les Croisés, en 1099. Une fois maîtres de la Ville Sainte, les Occidentaux s’interrogent sur la défense de la ville sainte et des états latins d’orient fondés au gré des conquêtes. Le Saint-Sépulcre (c’est-à-dire le tombeau du Christ) est confié au patriarche de Jérusalem et à des chanoines. Des chevaliers se mettent alors au service des chanoines pour les protéger ainsi que les chemins empruntés par les pèlerins qui viennent de plus en plus nombreux se recueillir sur le tombeau du Christ. Hugues de Payns et quelques compagnons ont alors l’initiative de s’engager à vivre comme des religieux, c’est-à-dire à suivre une Règle et à faire vœu de chasteté, d’obéissance et de pauvreté. Mais contrairement à des religieux, ils continuent à avoir des activités militaires.

Le roi de Jérusalem leur donne alors son palais situé sur le site de l’ancien palais du roi Salomon. Et non pas sur celui du Temple de Salomon, comme les Templiers le laissèrent croire et qui leur donna leur nom : les pauvres chevaliers du Christ et du Temple de Salomon. En 1129, ils obtiennent la reconnaissance de leur congrégation comme ordre religieux par le pape.

Avec le soutien de l’Eglise et notamment du pape, les Templiers connaissent rapidement le succès et les donations se succèdent : terres, maisons, moulins, droits, revenus… les donations sont très nombreuses et très éparpillées dans tout l’Occident. Les commanderies permettent de gérer ces différents biens dont les revenus servent à soutenir les actions des Templiers en Orient.

Mais au début du XIVe siècle, les Templiers sont devenus trop puissants et des rumeurs commencent à circuler : on les dit idolâtres, sodomites… Le roi de France, Philippe IV, va profiter de ces rumeurs pour demander une condamnation des Templiers au pape. Le 13 octobre 1307, le roi, devançant le pape (avec lequel il est par ailleurs en conflit), ordonne l’arrestation de tous les Templiers de France. Durant les mois qui suivent, les chevaliers sont soumis à la torture pour avouer les crimes les plus ignobles pour l’époque. Le pape, devant ces aveux, n’a d’autres choix que d’annoncer l’arrestation de tous les Templiers. Il compte toutefois reprendre la main sur cette affaire car l’ordre du Temple, en tant que congrégation religieuse, est sous sa juridiction. Opposé à Philippe le Bel, le pape doit faire des concessions et annonce finalement la dissolution de l’ordre en 1311 (mais les Templiers n’ont pas été condamné pour hérésie). L’ensemble des biens des Templiers sont transférés à un ordre frère : les Hospitaliers.


L’ordre des Hospitaliers est légèrement antérieur à celui des Templiers puisqu’il trouve son origine au milieu du XIe siècle, lorsque des marchands italiens fondent un hôpital près du Saint-Sépulcre. Celui-ci, ainsi qu’un monastère d’hommes, un monastère de femmes et une église sont confiés à des moines italiens qui accueillent les pèlerins. Après la prise de Jérusalem et devant le nombre croissant de pèlerins qui se rendent dans la ville sainte, un second hôpital est construit. L’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem est reconnu par le pape le 15 février 1113, avec pour mission d’accueillir et de soigner les pèlerins. Petit à petit, l’ordre se militarise pour défendre les pèlerins d’abord puis les États Latins d’Orient, à mesure que les Chrétiens perdent leurs possessions.


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Les Hospitaliers, comme les Templiers, reçoivent de nombreux dons en Occident, sous forme de terres, de bâtiments, d’églises. Au XIVe siècle, avec la disparition des Templiers, ils s’enrichissent encore des possessions de cet ordre, faisant d’eux l’ordre le plus puissant de la chrétienté.


Pour administrer leurs possessions, elles sont réparties en plusieurs territoires : les langues, puis les grands prieurés, les commanderies et enfin les maisons ou annexes.

La commanderie des Canabières dépendait donc de la langue de Provence et du grand prieuré de Saint-Gilles fondé par le comte de Toulouse. Ce dernier possédait six commanderies en Rouergue.


Elles ont pour mission de fournir l’ordre en hommes pour les champs de bataille en Orient, en fournitures (armes, chevaux, vivres, vêtements) et en numéraire. Les commanderies sont donc avant tout des exploitations agricoles. Une commanderie regroupe un chef (ici Canabières) et des dépendances. La commanderie comprend la maison du commandeur et des frères, plus ou moins fortifiée, une église ou une chapelle, des bâtiments d’exploitation, des près, des champs et des bâtiments comme moulin, four, forge… les maisons rurales n’ont pas d’hôpital à proprement parlé mais elles doivent accueillir les pèlerins et faire des distributions de pain aux pauvres régulièrement.

Aujourd’hui, le hameau des Canabières conserve en son cœur, l’église, dédiée à Notre-Dame, et la maison des frères - parfois appelée « château », massif bâtiment rectangulaire adossé à l’église (aujourd’hui divisé en plusieurs propriétés privées).


Pour prolonger la découverte, vous pouvez profiter d'un sentier de randonnée de 13 km, intitulé « À la découverte des Canabières » (départ face à la salle des fêtes).


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