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La légende de la belle meunière... aux sources de Capvern-les-Bains


illustration © Julie Duponchel - photos anciennes © Inventaire général Région Occitanie


Dans ce nouvel article, je vous emmène aux sources de Capvern-les-Bains. Cette légende de la belle meunière donne une origine un peu mystérieuse aux sources thermales. Centrée autour d'une figure féminine, elle témoigne de la place occupée par la Femme dans la propagande des stations thermales à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.


Vous avez sans doute déjà vu des affiches de cette époque pour les thermes de Bagnères-de-Luchon ou Bagnères-de-Bigorre, de Vichy ou même de Capvern-les-Bains. Femme mondaine, baigneuse, figure mythologique... la femme est partout ! L'image de la femme doit séduire les hommes (des affiches faites par des hommes pour faire venir des hommes dans des stations aménagées par des hommes...). Vous remarquerez d'ailleurs que ces affiches mettent davantage en avant les loisirs et le luxe que la santé !


de gauche à droite : affiche pour Capvern-les-Bains (1898) © ADHP 5Fi335 ; affiche pour les thermes de Bagnères-de-Bigorre et Vichy © gallica.bnf.fr



La femme est donc omniprésente sur les affiches des stations comme des compagnies de chemins de fer, mais pas seulement ! Les statues féminines dévêtues et alanguies fleurissent dans les parcs et les promenades (comme ici à Bagnères-de-Bigorre). Les mêmes représentations se retrouvent dans les thermes ou les casinos, sur des peintures comme ici la représentation de la belle meunière dans la buvette de Capvern-les-Bains. Des représentations sexuées pourtant à l'opposé de la bienséance de l'époque.



 statue féminine dans le parc du vallon du salut (Bagnères-de-Bigorre)


Mais les stations thermales sont des lieux "hors du temps" où l'on vient davantage pour se rencontrer, prendre du bon temps voire trouver un mari ! On guette les "célébrités" dans les gazettes et on se laisse séduire, comme Christiane dans le roman Mont-Oriol de Maupassant (dont je vous recommande la lecture pour plonger dans l'ambiance d'une station thermale à la fin du XIXe siècle).

Luxe, calme et volupté sont les maîtres mots de l’aménagement des villes d’eaux !


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Cette histoire se déroule il y a bien bien longtemps dans un village des Pyrénées appelé Capvern.


Dans ce village, il y avait un meunier. Ce meunier, comme bien d’autres meuniers du pays, avait une femme. Mais sa femme à lui était d’une grande beauté. Le plus frappant c’est que les années ne semblaient pas avoir de prise sur elle. Alors que les dos des femmes comme des hommes se voûtaient, la meunière, elle, restait droite. Ses cheveux conservaient leur couleur d’ébène, ses dents leur couleur d’ivoire, son teint était toujours velouté, ses yeux toujours vifs et purs. On ne savait pas trop quel était son âge car elle paraissait toujours avoir 20 ans.


Les autres femmes auraient bien voulu connaître son secret.

Les hommes auraient bien voulu gagner les faveurs de la belle. Mais elle restait fidèle à son mari.


Un jour, un paysan un peu plus entreprenant que les autres, se rendit au moulin alors que le meunier s’était absenté. Il voulait voler un baiser à la belle mais elle le frappa violemment au visage.


Vexé, l'homme ne reprit pas le chemin de sa maison mais celui du château de Mauvezin où vivait le seigneur de Capvern. Là, il accusa la meunière d'être une sorcière.Comme tout le monde au château connaissait sa réputation et que sa jeunesse étonnait ici aussi, le bailli ne fut pas difficile à convaincre. Mais pour pouvoir arrêter la belle, il lui fallait plus qu’un témoignage. Il envoya alors trois hommes du château la surveiller.


Les trois hommes s’installèrent dans la forêt, non loin du moulin et observèrent. D’abord ils ne virent pas grand-chose. La meunière vaquait à ses occupations de meunière. Mais un soir,  à la tombée de la nuit, ils la virent quitter la maison, une cruche à la main. Elle ne se rendait pas à la rivière mais s'enfonça dans la forêt jusqu’à un massif rocheux.  


Entre les rochers s’écoulaient une source. Dans la fraicheur du soir, de fines volutes de fumée s’échappaient de la surface. La meunière s’approcha, se pencha et remplit sa cruche. Approchant le récipient de sa bouche, elle but trois gorgées de ce breuvage.

Puis, quittant ses vêtements qu’elle déposa sur un rocher, elle se plongea toute entière dans la source.

Au bout de quelques minutes, la femme ressortit et enfila ses vêtements par-dessus son corps blanc. Elle reprit sa cruche et se remit en route, reprenant cette fois la direction du moulin.

Quand elle passa près d’eux, l’un des gardes, n’en pouvant plus, sortit de sa cachette et, l’épée à la main, l’accusa d’être une sorcière.


« Moi, une sorcière ? M’avez-vous vu faire quelques maléfices ou appeler le diable ? Je n’ai fait que boire l’eau de cette source et m’y baigner. Je vais vous dire son secret : cette source est miraculeuse. Son eau chaude me permet de rester jeune. Elle efface les années sur mon visage et sur mon corps. Essayez, vous verrez. »


Elle leur tendit la cruche pour preuve de sa bonne foi.


Le secret, ainsi révélé, ne tarda pas à être connu de tout le village et bientôt on se pressa pour prendre des bains et boire l’eau merveilleuse. On répara les vieilles baignoires et on en construisit de nouvelles car les gens venaient de plus en plus loin pour profiter des bienfaits de la source chaude.  


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Pour en savoir plus sur Capvern-les-Bains :

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