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Balade en Aveyron : les bastides du Rouergue

À l'ouest du département, il ne faut pas manquer de visiter les cinq bastides de l'Aveyron. Mes premières balades m'ont mené sur les chemins de Villeneuve (choix de coeur puisqu'une partie de ma famille y habite) et Sauveterre-de-Rouergue (la plus près de chez moi). Quelques années plus tôt, j'avais déjà eu l'occasion de m'arrêter à Najac (j'étais tombée sous le charme de cette petite cité) et de Villefranche-de-Rouergue mais toutes deux méritent un nouveau séjour et de plus amples explications. Je ne manquerai donc pas d'enrichir cet article prochainement.


La place des arcades, Sauveterre-de-Rouergue


LES BASTIDES

Ces villes nouvelles sont construites à l’initiative d’une autorité laïque ou religieuse. Les bastides du Rouergue sont ainsi le fait du roi de France, du comte de Toulouse et du Rouergue et de l’évêque de Rodez. Elles ont principalement été construites au XIIIe siècle, dans un contexte d’essor urbain et de volonté d’indépendance des habitants des villes. L’une des caractéristiques des bastides est justement l’existence d’une charte de franchises, document conférant aux habitants un certain nombre de droits et donc une relative autonomie dans leur administration. Elles étaient administrées par des consuls, généralement quatre, désignés chaque année).

L’autre élément caractéristique est le plan. Préalablement tracé, il est souvent orthonormé, formé de plusieurs îlots d'habitations (lotissements) délimités par des rues. Au cœur de la bastide, la place accueille foires et marchés. Elle est bordée de "couverts" auxquels on accède par des arcades et sous lesquels on disposait les marchandises. Ce plan-type n’est pas systématique : si Sauveterre-de-Rouergue est un l’exemple le plus abouti, certaines villes comme Villeneuve présentent simplement une place (place des Conques), une rue principale de laquelle partent les îlots bordés d'étroites ruelles.

Plan de Sauveterre-de-Rouergue, redessiné d'après le cadastre de 1834. Nous ne sommes plus au Moyen Âge mais le parcellaire de la ville est quasiment intact, les lotissements bien délimités. Il y a encore très peu de maisons hors des murs, le développement de Sauveterre sera plus récent...


Sauveterre-de-Rouergue comme Villeneuve sont fortifiées au cours de la guerre de Cent ans. Si les remparts ont aujourd'hui disparu, quelques vestiges sont encore visibles, comme certaines portes : porte Soubirane ou porte Haute et la tour Cardalhac à Villeneuve, portes Saint-Christophe et porte Saint-Vital à Sauveterre-de-Rouergue.


VILLENEUVE

La ville doit son origine à Odile de Morlhon qui, de retour de Terre Sainte au milieu du XIe siècle, commande la construction d'une église dédiée au Saint-Sépulcre (le tombeau du Christ à Jérusalem). Quelques années plus tard, vers 1080, un prieuré bénédictin y également fondé et placé sous l'autorité de l'abbaye de Moissac. Parallèlement, l'évêque de Rodez y fonde une sauveté, c'est-à-dire une zone de refuge et d’asile autour de l'église. Ce territoire protégé était matérialisé par des bornes (croix). À l’intérieur de cet espace, il était notamment interdit de poursuivre les fugitifs et la loi des hommes ne s’y appliquait pas. Ces zones ont souvent été à l’origine de petits bourgs ruraux, prenant un rôle de peuplement et de mises en valeur des terres, à l’image de ce que seront aussi les bastides un peu plus tard.

C'est justement une bastide que le comte de Toulouse (et du Rouergue) fonde à côté de la sauveté, en 1231. Villeneuve (qui porte bien son nom) est la première bastide du Rouergue (Villefranche-de-Rouergue est créée en 1252, Sauveterre de Rouergue en 1281, La Bastide l’Évêque en 1280…).



La ville présente donc deux espaces : le premier bourg qui s'était développé au contact du prieuré et dans le périmètre de la sauveté ; la bastide avec son plan régulier et sa place centrale, administrée par des consuls.


L'église du Saint-Sépulcre (aujourd'hui Saint-Pierre et Saint-Paul)

Le premier édifice est construit dans la seconde moitié du XIe siècle, en s'inspirant de la rotonde de l'église du Saint-Sépulcre de Jérusalem, qui abrite le tombeau du Christ. Afin de permettre les pèlerinages, la nef disposait d'un anneau de déambulation.

À la fin du XIIIe siècle, avec le développement de la ville, l'église est agrandie et change de vocable (elle est désormais dédiée à saint Pierre, comme son abbaye-mère, Saint-Pierre-de-Moissac). À l'emplacement de l'ancien choeur, une vaste nef gothique est édifiée, plus propice à la tenue des offices.

On peut admirer dans l'abside romane nord des peintures murales du XIVe siècle, représentant saint Jacques et la légende du Pendu dépendu liée au pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle (Villeneuve était une halte jacquaire).


SAUVETERRE DE ROUERGUE

Sauveterre-de-Rouergue a été fondée en 1280 sur ordre du roi de France Philippe-le-Hardi, sur le modèle des bastides. La ville obtient en 1284 une charte de franchises qui délimite son territoire et précise les droits et les devoirs des habitants. Comme Villeneuve, elle est administrée par quatre consuls. Son plan orthonormé est remarquable : de forme quadrangulaire, il se compose de plusieurs îlots d'habitations (lotissements) délimités par des rues. Au centre, la place accueille foires et marchés. Elle est bordée de "couverts" auxquels on accède par des arcades.

Le puits et la croix que l'on trouve aujourd'hui sur la place ont remplacé l'ancienne halle.

Autour de la ville, des parcelles sont dédiées aux jardins qui alimentent les habitants. Elles doivent aussi permettre d'accueillir de nouveaux bâtiments si la ville devait s'agrandir.

Des quatre portes de la ville, seules deux sont conservées, ainsi qu'une des tours de l'ancienne enceinte.

Au XVe siècle, la ville se spécialise dans la fabrication des couteaux. Aujourd'hui encore, elle abrite de nombreux artisans d'art qu'il ne faut pas manquer de découvrir. Ayant visiter la ville deux jours après Noël, elle était tout à fait déserte, mais j'imagine sans peine son effervescence à la belle saison.


La collégiale Saint-Christophe

La première église est construite au début du XIVe siècle à l'extérieur des remparts. Elle est déplacée dans l'enceinte en 1389. Elle devient collégiale au XVIe siècle, à l'initiative de l'évêque de Rodez, François d'Estaing qui la dote, entre autres, de stalles en bois. Ces sièges, destinés aux chanoines, sont composés de deux parties : un siège et une miséricorde, sorte d'appui situé sous le siège et qui permettait aux chanoines de se tenir debout lors des offices. Comme à Salles-Curan (article à découvrir ici), le décor de ces fauteuils est particulièrement soigné. On peut notamment reconnaître plusieurs saints : saint Antoine, saint Matthieu et saint Laurent, reconnaissables à leurs attributs (cochon et bâton en T, épée et grill).


Il ne vous reste plus qu'à vous plonger au Moyen Âge en découvrant ces deux villes. En attendant la balade, je vous laisse deux petits jeux :


> Saurez-vous trouver les 7 différences entre ces deux dessins de la place des arcades de Sauveterre-de-Rouergue ?



> Un petit coloriage, toujours sur la place des arcades


Et pour en savoir plus, quelques liens utiles :

> Sauveterre-de-Rouergue : visite en autonomie ou visites guidées à retrouver sur le site de la mairie et de l'Office de tourisme.

> Villeneuve d'Aveyron : infos sur le site de l'Office de tourisme

> Les Bastides du Rouergue à découvrir au travers d'une publication du Pays d'art et d'histoire et des activités proposées par l'association : www.bastidesdurouergue.fr


À bientôt pour de nouvelles balades aveyronnaises !


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