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Itinéraires pyrénéens : Capvern-les-Bains

"Si ta vessie est menacée, Capvern sera la panacée !"

Tel est le slogan d'une affiche de la Compagnie du Midi. Alors direction Capvern-les-Bains !



Pour découvrir la station thermale de Capvern, il faut descendre depuis le plateau de Lannemezan, au creux de la vallée de l’Aigue Caoute. Dans un vallon étroit, bordé de bois et de forêts, la station a remplacé le modeste hameau d’Hount Caoute.


Là, deux sources d’eaux chaudes jaillissent : Hount Caoute ("la source chaude") et le Bouridé. Ces eaux sont réputées depuis l’Antiquité, l’ancien nom de Capvern était d’ailleurs Aquae Convenarum, c’est-à-dire les « eaux des Convènes » (du nom du peuple gaulois qui vivait sur le territoire de l’ancienne Comminges et dont Saint-Bertrand-de-Comminges, appelée alors Lugdunum, était la capitale).


Le hameau d'Hount Caoute sur le cadastre de 1829 ©Archives Départementales des Hautes-Pyrénées


Dès le début du XIXe siècle, une « maison de bains » existe au bord du ruisseau, on la voit d’ailleurs sur le cadastre de 1829 (ci-dessus). À cette époque, environ 400 baigneurs viennent à Capvern chaque année.


Au cours des décennies suivantes, la fréquentation augmente petit à petit, des maisons s’installent le long du chemin des bains, si bien que des travaux sont engagés pour agrandir la maison des bains, une chapelle est édifiée, ainsi que des hôtels. Un second établissement thermal est construit, à 3 km de là, au Bouridé dont les eaux étaient également fréquentées.


Les aménagements nécessaires au développement de la station sont toutefois trop importants pour la commune qui décide de mettre en concession les équipements. La première concession est accordée en 1873 à un banquier de Bagnères-de-Bigorre, Adrien Souberbielle, qui s’engage à d’importants travaux.


Entre 1873 et 1884, on assiste donc à la reconstruction des thermes d’Hount Caoute, la construction du Grand Hôtel, l'aménagement d’un boulevard (boulevard des Pyrénées), la construction d’un premier casino… sur les plans de l’architecte Paul Abadie (celui, entre autres, du Sacré-Cœur). Cette période intense de travaux va bouleverser la physionomie du village.


< ci-contre, intérieur de la buvette au début du XXe siècle





À côté des travaux du concessionnaire, des villas et des hôtels sont édifiés au cours des décennies suivantes, le long du boulevard et du chemin des thermes (rue des thermes aujourd’hui). Ces maisons sont pour la plupart destinées à loger les curistes (comme la villa Julia) dont le nombre atteint son apogée dans l’entre-deux-guerres avec 8 à 10 000 visiteurs chaque année !


De gauche à droite : 1. le grand hôtel ; 2 et 3. des villas dans le centre de Capvern-les-Bains


La presse locale se fait l'écho de ces aménagements, comme la revue Pyrénées et Océan, consacrée aux stations thermales et aux bains de mer qui en vante les mérites et le séjour :

"Ce qu'il faut savoir c'est que le séjour de Capvern est des plus agréables au point de vue touristique : le doux joint à l'utile ! De quelque côté que l'on aborde cette station thermale pyrénéenne, il semble que l'on va plonger dans un gouffre de verdure. C'est l'été et le soleil fulgure au ciel blanc de chaleur. on est brûlé sur la grand'route, le long des blés mûrissants piqués de fleurs ; on aspire à quelques oasis de fraîcheur. Et voici que soudain, [...] on goûte l'indicible volupté de s'enfoncer dans l'ombre précieuse, dans le demi-jour silencieux des frondaisons épaisses ! Un parfum traînant de fleurettes évaporées vous accompagne jusqu'au coeur de la ville.
Et dans la station les distractions ne manquent pas ; vite, on lie connaissance, avec cette hâte un peu fébrile de gens qui ne se reverront plus de longtemps ; on voisine, on s'invite mutuellement à de petites soirées. Certains se délectent au café ou au cercle ; d'aucuns préfèrent le casino. Des hôtels, des villas s'égrènent les mélodies du piano. [...]
Ce qui est à la portée de tout le monde [...] c'est de monter lentement à travers les bois salubres, lentement par les allées ombreuses qui ceinturent Capvern, jusqu'à un belvédère de choix pour admirer un coucher de soleil sur les prestigieuses montagnes. Ô les teintes superbes et fugaces, les nuances rare et inexprimable du ciel occidental où s'avivent les reliefs des monts, où trônent le minaret d'iris du Pic du Midi de Bigorre et la pyramide égyptienne de jade du Montaigu ! Un immense apaisement tombe sur la terre et l'esprit, à présent que les eaux de la station calment le corps, l'esprit s'échappe loin, bien loin dans les espaces où déjà s'allument les premières étoiles. Plus tard, par les hivers moroses, le souvenir subsistera très net de ce splendide spectacle de la nature contemplée depuis Capvern-les-Bains, depuis Capvern la fée blonde et verte qui attire à elle les baigneurs ! " texte paru dans le journal Pyrénées et Océan, consacré aux stations thermales et des bains de mer, le 30 juin 1907

Mais l'aménagement de la cité est loin d’être terminé ! Il se poursuit tout au long du XXe siècle, au gré des concessionnaires successifs : un nouveau casino dans les années 1920 avec un parc, la reconstruction des thermes du Bouridé, de nouvelles villas et le réaménagement de certains hôtels dans le style Art Déco ou Néo-Basque dans les années 1940.


Cette ancienne pharmacie est un bel exemple de l'Art Déco à Capvern avec sa devanture avec en plan en quart de rond, construite en béton, et ajourée de quatre fenêtres hautes.






Dans les années 1960, la municipalité initie deux projets importants : la construction de l’église de la Sainte-Trinité et le bureau de Poste.


De nouvelles résidences hôtelières sont construites dans les années 1970, dans la station mais aussi en dehors. Le casino est déplacé à la fin du XXe siècle, le bâtiment abrite aujourd’hui le cinéma.



De gauche à droite : la buvette des thermes d'Hount Caoute ; paysage autour de Capvern-les-Bains


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Pour aller plus loin

Le projet Les baigneurs d’Occitanie sur le patrimoine thermal à découvrir sur instagram

Le site de l’office de tourisme Cœur des Pyrénées qui organise des visites guidées de la station

Le site de l’inventaire de la région occitanie qui présent le travail d’inventaire mené sur les stations thermales

Une petite histoire des stations thermales sur Gallica


Et pour jouer en famille : l'enquête Panique aux thermes (disponible jusqu'au 31 décembre).


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