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Balade en Aveyron à... Naucelle

Je vous emmène aujourd'hui à Naucelle, petite cité du Ségala aveyronnais ! Perchée sur le plateau, séparée de sa voisine, Sauveterre-de-Rouergue, par la profonde vallée du Lézert, Naucelle est moins connue mais tout aussi pleine de charme. Suivez-moi !



La rue du four et ses maisons en pan de bois


Le bourg doit son origine et son développement à deux abbayes cisterciennes qui se sont succédées sur le territoire naucellois. En 1160, l’abbaye de Bonneval (située au nord d'Espalion) installe une première grange à La Serre (à l’ouest de Naucelle) d’où elle exploite des terres agricoles et gèrent des pacages. Quelques années, la toute jeune abbaye de Bonnecombe, rattachée elle aussi à l'ordre cistercien, se voit dotée à son tour de terres sur le Ségala et installe une grange à Bonnefon.


Après quelques années de conflit, les deux abbayes trouvent finalement un accord et Bonnecombe reste maître des lieux tandis que Bonneval se concentre sur le nord et l'est du département. Durant les siècles suivants, Bonnecombe tire d’importants revenus des troupeaux qu’elle fait paître sur les plateaux du Ségala et installent 4 granges sur ce territoire : Moncan (Auriac-Lagast), Vareilles (Comps-la-Grandville), Lafon (Magrin, Calmont-de-Plancatge) et Bonnefon (Naucelle).


C’est près de la grange de Bonnefon que Naucelle se développe. Le bourg est en effet implanté à un carrefour de routes commerciales, vers Toulouse par le Pont-de-Cirou et vers Albi depuis Rodez. Un développement qui sera toutefois freiné par la création, en 1281, de la bastide de Sauveterre-de-Rouergue (découvrir les bastides). Durant quelques siècles, la ville neuve concentrera la plupart des activités commerçantes, avant que Naucelle ne prenne sa revanche à la fin du XVIIIe siècle. Après l'aménagement de deux chemins royaux, l'un de Villefranche-de-Rouergue à Rodez (actuelle D911), l'autre de Rodez à Albi (ancienne N88), Sauveterre-de-Rouergue se trouve éloignée des principaux axes de communication. Naucelle, au contraire, n'est qu'à 2 km du nouvel axe routier. La construction de la ligne de chemin de fer Rodez-Carmaux et l'implantation d'une gare à la Baraque de Merlin (aujourd'hui Naucelle-gare), désenclavera définitivement Naucelle.


« À la place des arbres et des bruyères, sur le sol défoncé par la charrue, le paysan répandit à profusion la chaux et les engrais chimiques. Il sema du froment et la récolte fut inespérée. Maintenant c’est le seigle qui a disparu et le Segala est devenu « fromental ». Encouragé par ces premiers succès, l’agriculteur aveyronnais ne laisse plus aucun repos à la terre améliorée : après le blé et la pomme de terre, il sème pour ses bestiaux des fourrages artificiels. Partout aujourd’hui la jachère a disparu ; la bruyère et le genêt, dont on retrouvait sans cesse la teinte sombre et l’odeur pénétrante, n’apparaissent plus que de loin en loin, noyés au milieu des cultures. »

Jean Gazave, Rouergue, 1938


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Faisons un petit tour dans le vieux bourg...



La place de la mairie

Cette place est le cœur de Naucelle ; s’y déroulaient les marchés et les foires au Moyen Âge. Elle était entourée de couverts ou « gitats », dont une partie a été conservée. Ces espaces couverts, formés par les encorbellements des étages, permettaient de vendre à l'abri.


La place est marquée par des constructions de différentes époques, signes de l’évolution du bourg : les pans de bois du Moyen Âge, l’hôtel de ville, une ancienne maison bourgeoise du XVIIIe siècle, ou encore un immeuble du début XXe siècle...




L'église Saint-Martin

Direction à présent, la place Saint-Martin où se dresse l'église. Agrandie et transformée à la fin du XIXe siècle, l'église présente quelques curiosités.


Tout d'abord, les deux tours rondes qui flanquent son entrée. On dit qu'elles appartenaient à l'ancien rempart et que le vieux clocher servait de tour de guet... Le portail, qui rappelle le gothique flamboyant, est une création du XIXe siècle mais imite à merveille le style des sculpteurs et architectes médiévaux. À cette époque, le Moyen Âge est à la mode et de nombreuses églises sont rebâties en s'inspirant des monuments anciens, comme Notre-Dame-de-Paris. Derrière curiosité, que l'on ne remarque pas tout de suite : le portail actuel s'ouvre sur la façade orientale, là où se trouvait autrefois le... chœur ! Eh oui, les églises sont en théorie toujours orientée, c'est-à-dire que leur chœur est à l'est. Mais lorsque l'on voulut agrandir l'église de Naucelle, il n'y avait pas suffisamment de place de ce côté. On construisit donc un nouveau chœur à l'ouest, inversant ainsi l'orientation de l'édifice !



En longeant l'église par le nord, nous contournons le bourg médiéval jusqu'à atteindre la dernière des trois portes. En 1424, les habitants ont obtenu de l'abbaye de Bonnecombe le droit de fortifier Naucelle. Mais après une révolte des Naucellois en 1658 contre les impôts, les murs sont détruits. Il n'en reste que cette porte surnommée aujourd'hui "porte des Anglais" en souvenir de la période sanglante qui fut la guerre de Cent ans.



Tout de suite après la porte, glissons nous dans la rue du four. Au Moyen Age et jusque dans les années 1950, se trouvait ici le four communautaire. D'abord banal, c'est-à-dire que son utilisation (obligatoire) était soumise au paiement d'une taxe à l'abbaye, le four devient communal après la Révolution. Ce qui frappe dans cette ruelle pleine de charme, c'est l'architecture. De belles et anciennes maisons en pan de bois y sont en effet très bien conservées, sauvées de la destruction il y a près de 50 ans par quelques amoureux des pierres et de l'histoire. Avec un peu de chance vous croiserez peut-être Léo Savy, le potier dont l'atelier se cache justement derrière ces vieilles pierres, ou vous profiterez d'une exposition du Collectif des Artistes Naucellois (CAN) qui expose régulièrement dans le bâtiment qui remplaça le vieux four.

Levez les yeux et scrutez les vieilles poutres, vous remarquerez sûrement quelques marques laissées par les charpentiers !



Notre visite s'achève sur l'ancienne place de la fontaine. Ici se trouvait la deuxième des portes de la ville mais elle a disparu depuis longtemps. Tout comme la fontaine où les femmes venaient autrefois chercher l'eau et la bascule publique. La place a été rebaptisée en 2000 du nom du poète de langue occitane, Jean Boudou. 24 dalles reprennent une phrase de l'auteur écrite en 24 langues différentes : « Las causas son coma las creses. D'unes caminan sus la mar que per eles i a pas de mar » (Les choses sont comme tu les crois. Certains marchent sur la mer car pour eux il n'y a pas de mer).




Pour en savoir plus

Plan de visite disponible à l'Office de tourisme (place Jean Boudou) ou en téléchargement

Rencontrez Léo Savy ici


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